Résumé : Alors que les échanges de biens entre la France et l’Estonie ont diminué de 5% en 2023, les exportations de services estoniens vers la France ont connu une nette progression (+22%). Si l’Estonie parvient à dégager un excédent commercial sur les services, le solde commercial final est proche de l’équilibre : la France concède un déficit de 17 millions d’euros. Dans un contexte difficile de baisse des cours des matières premières et de chute des échanges avec la Russie, la France gagne une place et devient le 12ème partenaire économique de l’Estonie. Néanmoins, en comparaison avec les voisins de l’Estonie, l’Allemagne ou encore le monde anglo-saxon, la France reste un partenaire de second rang. Réciproquement, l’Estonie est le pays balte avec lequel la France échange le moins : le partenariat reste donc limité.
Les échanges de biens entre la France et l’Estonie progressent mais restent limités
En 2023, les échanges commerciaux de biens entre la France et l’Estonie se sont légèrement repliés (-5%) mais le – faible – excédent commercial français a progressé. Les exports estoniens ont diminué de 7% et les exports français de 4%, pour atteindre respectivement 351 et 401 millions d’euros. Comme en 2022, la France réalise donc un excédent commercial, estimé cette année à 49 millions d’euros (+29%).
La France voit toutefois sa part relative augmenter et devient le 12ème partenaire économique estonien (+1 place). En effet, bien que ces chiffres soient à la baisse, dans la mesure où le commerce extérieur de biens estoniens a connu une année difficile (-16% pour les exportations et -17% pour les importations), la France voit sa part augmenter dans le commerce estonien de biens. 13ème client et fournisseur en 2022, la France est désormais le 13ème client et le 12ème fournisseur. En incluant les services, la France gagne une place et devient le 12ème partenaire économique estonien. Les échanges avec la France représentent 1,9% du commerce extérieur estonien (+0,2 point), soit environ autant que le Proche et Moyen-Orient (Turquie incluse) ou la Russie dans le commerce de biens.
En direction de l’hexagone, bien que le bois garde une place prépondérante, les produits à forte valeur ajoutée ont vu leur part dans la composition des échanges de biens s’accroître en 2023. L’Estonie y exporte des équipements électriques et électroniques (27% en 2023), du bois (25%), des produits chimiques (8%) et des équipements de transport (7%). Les cinq produits les plus vendus en valeur par l’Estonie sont des appareils de télécommunications, du bois contreplaqué, du bois scié, du bois de chauffage et des constructions préfabriquées. En raison notamment de la baisse des cours des matières premières, les échanges se sont concentrés sur les produits à forte valeur ajoutée : les échanges d’équipements électriques et électroniques se sont accrus de 15%, ceux d’équipements de transport de 19% tandis que les échanges de produits du bois ont diminué de 21% et ceux de produits chimiques de 48%.
A destination de l’Estonie, la composition de nos exportations est stable et le commerce se concentre également sur des produits à forte valeur ajoutée, mais aussi des composants métalliques, ainsi que des vins et spiritueux. Les exportations se composent d’équipements électriques et électroniques (25%), d’équipements de transport (16%), de métaux (14%) et de produits alimentaires préparés (13%, dont 61% de vins et spiritueux). Les variations de contenu sont moins marquées que celles des exportations estoniennes : les échanges de métaux ont diminué (-32%), ceux d’équipements de transport ont progressé de 13% et le reste des variations n’est pas notable. Les cinq produits les plus vendus en valeur par la France sont des voitures, des plaques d’acier laminés, du vin, des tracteurs, et des médicaments. Notons également la présence des spiritueux, des produits de beauté et des parfums dans les dix produits les plus vendus.
Sur les 88 millions d’euros d’importations de vin en Estonie, la France détient la première part de marché avec 24%, suivie par l’Italie à 22%. La France tient également la troisième part de marché (13%) des importations estoniennes de spiritueux (96 millions d’euros soit un marché grandissant de 9% en 2023). La France est aussi première sur la vente de parfums en Estonie (6 millions d’euros soit 16% du marché).
Les échanges de services franco-estoniens ont doublé depuis 2019.
En 2023, si les exports français ont faiblement diminué, les exports estoniens de services ont été très dynamiques (+22%). En 2023, les échanges de services bilatéraux ont progressé en moyenne de 8% : ils ont augmenté de 22% vers la France et diminué de 6% à destination de l’Estonie. L’année 2023 marque ainsi le passage d’une balance commerciale équilibrée (+2 millions d’euros pour l’Estonie) à un déficit français (67 millions d’euros). Ce dernier dépasse le déficit estonien sur les échanges de biens et rend la relation bilatérale faiblement déficitaire pour la France : -17 millions d’euros. Sur le moyen terme, les échanges de services entre l’Estonie et la France sont en grande progression : ils ont doublé depuis 2019.
La France est le 11ème partenaire pour les échanges de services de l’Estonie et 40% de la valeur échangée provient des services : c’est légèrement plus que la moyenne estonienne à 34%.
Ces échanges sont composés majoritairement d’« autres services d’affaires » (dont R&D, consulting) : l’Estonie exporte 53% de ces services, 24% de services informatiques et d’information, 9% de transport et 7% de tourisme, alors que la France exporte 56% d’ « autres services d’affaires », 18% de tourisme, 13% de transport et 7% de services informatiques et d’information. En outre, l’Estonie exporte davantage de services informatiques (en raison de son modèle digital) tandis que la France se concentre davantage sur le tourisme et le transport.
Réciproquement, ces partenariats restent timides.
Bien que la tendance soit encourageante, la France n’en reste pas moins un partenaire de second plan pour l’Estonie. Si la France voit sa part commerciale augmenter et se hisse à la 12ème place du classement des partenaires commerciaux de l’Estonie, cela est davantage dû à la chute des échanges avec la Russie (-92% d’importations de biens russes) qu’à une véritable hausse du commerce bilatéral. Le faible recul de la valeur échangée, relativement à la tendance, s’explique aussi par la structure des échanges autour de biens à forte valeur ajoutée, peu soumis aux cours des matières premières.
Même si les principaux partenaires de l’Estonie sont ses pays voisins (Finlande, Lettonie, Lituanie, Suède), certains pays comparables à la France réalisent de meilleures performances en Estonie. L’Allemagne est un partenaire incontournable pour l’Estonie (3ème partenaire, 4 fois plus d’échanges que la France) et le Royaume-Uni est un de ses partenaires principaux pour les services (6ème place, 9ème partenaire au total). L’Italie réalise des performances similaires aux nôtres, mais avec une plus forte concentration sur les échanges de biens (13ème partenaire, 10ème sur les services et 21ème sur les biens).
Au sein de la plupart de ses produits les plus vendus (voitures, tracteurs, médicaments), la France reste un fournisseur de second plan. Concernant les équipements automobiles, la France représente seulement 2,5% des importations de voitures en Estonie (40 millions d’euros), soit environ 9 fois moins que l’Allemagne ou 12 fois moins que la Suède. Sur le segment des tracteurs, la France représente 8% des importations soit la 5ème part de marché. Enfin, sur le segment des médicaments, la France ne représente également que 3% des 600 millions d’euros d’importations réalisées par l’Estonie.
Réciproquement, l’Estonie représente seulement 0,06% des échanges de biens français. Avec des échanges s’élevant à 755 millions d’euros, l’Estonie est le pays balte avec lequel nous échangeons le moins, juste derrière la Lettonie (839M€) et loin derrière la Lituanie (2Mds€).
Sources des données : Statistics Estonia/Eesti Pank, Banque de France
Source de l'article : Direction Générale du Trésor, Ministère de l'Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique
Lien vers l'article original : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/EE/relations-bilaterales